Projets
Violence conjugale et contrôle coercitif
Depuis quelques années, la problématique de la violence conjugale est de plus en plus comprise sous l’angle du contrôle coercitif, notamment grâce à l’ouvrage théorique d’Evan Stark et son livre Coercive Control: How Men Entrap Women in Personal Life (2007) en plus des études qui l’ont précédé ou suivi sur le sujet (Côté & Lapierre, 2021; Katz, 2022; Romito, 2018).
Précisément, ce nouvel angle d’analyse a permis d’élargir les compréhensions (théoriques et pratiques) de l’intention sous-jacentes aux manifestations de contrôle et de coercition qui sont imbriquées au schéma comportemental des auteurs de violence conjugale en contexte post-séparation. Ces comportements étaient jadis plus difficiles à identifier et à documenter.
Mes travaux et projets de recherche vont en ce sens. Ils souhaitent participer à documenter davantage la problématique de la violence conjugale sous cet angle plus large, plus précis et plus représentatif du continuum de violence que vivent les victimes.
1 CISSS : Côté, I., & Lapierre, S. (2021). Pour une intégration du contrôle coercitif dans les pratiques d’intervention en matière de violence conjugale au Québec. Revue Intervention, 153, 115-125. https://revueintervention.org/wpcontent/uploads/2021/06/ri_153_2021.2_Cote_Lapierre.pdf
2 Katz, E. (2022a). Coercitive Control in Children’s and Mothers’ Lives. Oxford University Press.
3 Romito, P. (2018). Un silence de mortes. La violence masculine occultée. Éditions Syllepse, M Éditeur.
4 Stark, E. (2007). Coercitive Control : How men entrap women in personal life. Oxford University Press. inc.
Projets en cours
Projet de thèse de doctorat en travail social
Université d'Ottawa
Cette recherche vise à étudier comment le principe de responsabilisation est compris et mobilisé par les personnes intervenantes des programmes pour hommes auteurs de violence conjugale, et quelle place occupe ce principe dans les pratiques et politiques d’intervention en Ontario et au Québec.
Prémices
Mon projet de thèse fait suite à une étude exploratoire à laquelle j’ai participé (Côté et al., 2024), réalisée à partir du point de vue des conjointes ou ex-conjointes (N = 9) d’hommes ayant participé à un programme pour auteurs de violence conjugale (VC) au Québec. Le but était d’examiner les effets du programme sur les comportements de contrôle coercitif (Côté et Lapierre, 2021; Stark, 2007). Les résultats démontrent que les femmes avaient espoir que leur conjoint ou ex-conjoint changerait. Toutefois, huit des neuf victimes n’ont vu aucun changement positif chez ceux-ci, mais plutôt une persistance, voire une aggravation des comportements de contrôle, les gardant dans la peur et la privation de liberté pendant et après le programme (Côté et al., 2024). Ces résultats seront publiés dans le livre Contrôle coercitif : avancées conceptuelles et intégration dans les lois, les politiques et les pratiques à l’hiver 2025 (Lapierre et al., sous presse). Ces résultats, combinés à une revue de la littérature sur le principe de « responsabilisation », ont fait naître ce projet doctoral.
Contexte
L’Organisation mondiale de la Santé (2024) estime que près d’une femme sur trois a déjà été exposée à de la violence physique ou sexuelle au courant de sa vie. Au Canada, la violence conjugale est qualifiée « d’endémique » (Loncar et Scott, 2023). En ce sens, les programmes pour hommes auteurs de violence conjugale font partie des solutions pour assurer la sécurité des victimes, les sanctions punitives à elles seules ne suffisant pas à modifier les croyances et comportements à long terme (Côté et al., 2024; Stark, 2007). Or, les exigences, les approches et les actions en matière de responsabilisation varient d’une province à l’autre au Canada. Le cadre théorique de l’analyse critique du discours (ACD) sera utilisé pour ce projet. Le modèle tridimensionnel développé par Fairclough (1995, 2010), éprouvé dans les études en travail social (Kivits et al., 2023), est le cadre théorique qui convient le mieux aux différents niveaux.
Contribution
Cette recherche vise l’avancement des connaissances sur la violence conjugale et sur les programmes pour auteurs de VC, ainsi que l’amélioration des politiques et des pratiques d’intervention. Elle permettra d’extraire des perspectives sous-représentées des deux provinces qui, ensemble, comptent plus de 45 programmes. Elle s’aligne avec les objectifs de développement durable (ONU, 2023) pour corriger des inégalités de genre et évaluer leurs impacts dans les programmes, politiques et initiatives.
Direction du mémoire de recherche
Directeur, Dr Simon Lapierre, Université d’Ottawa
Co-directrice, Dre Isabelle Côté, Université Laurentienne
Projets complétés
Projet de mémoire de maîtrise en service social
Université Laurentienne
Mon mémoire de maîtrise s’intéressait aux retombées du modèle Protection des enfants en contexte de violence conjugale (PEVC), et souhaitait analyser si la formation au modèle PEVC permettait de freiner le recours aux mécanismes d’occultation de la violence chez les intervenantes et intervenants en protection de la jeunesse au Québec.
Ce projet a été réalisé à partir de données secondaires du projet PEVC. Le modèle d’intervention PEVC est novateur et vise le renouvellement des pratiques d’intervention auprès des enfants vivant dans un contexte de violence conjugale et de leurs parents. Il est principalement applicable en contexte de protection de la jeunesse et dans les suivis par les équipes des directions jeunesse des CISSS et des CIUSSS au Québec.
Ce projet se réalise à partir de données secondaires du projet PEVC. Le modèle d’intervention PEVC est novateur et vise le renouvellement des pratiques d’intervention auprès des enfants vivant dans un contexte de violence conjugale et de leurs parents et est principalement applicable en contexte de protection de la jeunesse et dans les suivis par les équipes des directions jeunesses des CISSS et des CIUSSS au Québec.
Que sont les mécanismes d’occultation de la violence conjugale?
Les mécanismes d’occultation de la violence conjugale (Patrizia Romito, 2018) sont des tactiques et des stratégies qui nient, invisibilisent et légitimisent la violence conjugale et la violence post-séparation. Ces mécanismes peuvent être utilisés par le parent violent lors d'interventions à travers les différents systèmes (juridiques, sociaux et en protection de la jeunesse), et même parfois par les victimes.
Résultats
L’analyse comparative des données (avant et après la formation) a été réalisée auprès de 71 participant.es provenant de trois régions du Québec (Capitale Nationale, Estrie et Outaouais). Les données ont été analysées au regard du cadre théorique de Patrizia Romito (2018), qui s’intéresse aux mécanismes par lesquels la violence conjugale est occultée des discours et pratiques via différentes tactiques, comme l’euphémisation, et stratégies, comme la légitimation. Globalement, les résultats ont démontré une diminution de l’utilisation des mécanismes d’OVC, passant de 83% avant la formation à 18% après celle-ci. Ces résultats suggèrent que les mécanismes d’OVC sont amplement véhiculés par les participant.es, mais que le modèle PEVC permet de freiner leurs utilisations.
Direction du mémoire de recherche
Première lectrice, Dre Isabelle Côté, Université Laurentienne
Deuxième lecteur, Dr Simon Lapierre, Université d’Ottawa
Source de financement
Ce projet a reçu l’appui et le financement d’une Bourse des études supérieures de l’Ontario (BÉSO) conjointement avec l’Université Laurentienne.
1 CISSS : Centre intégré de santé et de services sociaux.
2 CIUSSS : centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS).
3 Romito, P. (2018). Un silence de mortes. La violence masculine occultée. Éditions Syllepse, M Éditeur.
Projet exploratoire sur l’expérience de femmes qui ont vécu de la violence conjugale et dont le conjoint ou l’ex-conjoint a reçu des services d’un organisme spécialisé en violence conjugale au Québec.
Université Laurentienne
Université d'Ottawa
Collectif de recherche féministe anti-violence FemAnVi
Ce projet fut chapeauté par la Dre Isabelle Côté, chercheuse et professeure agrégée à l’Université Laurentienne. Cette étude s’est intéressée à l’expérience de femmes victimes de violence conjugale dont le conjoint ou l’ex-conjoint violent s’est engagé dans une démarche de responsabilisation et a reçu les services d’un organisme spécialisé en violence conjugale au Québec.
Direction de recherche
Chercheuse principale, Dre Isabelle Côté, Université Laurentienne
Co-chercheur, Dr Simon Lapierre, Université d’Ottawa